TOULOUSE (AFP) — Les parties civiles ont plaidé mercredi la thèse de l'accident chimique et l'existence de fautes commises par l'ex-directeur de l'usine AZF, dont l'explosion a fait 31 morts en 2001 à Toulouse, et par Grande Paroisse (filiale de Total) propriétaire de l'usine.
"Les prévenus n'ont pas pris les mesures pour éviter les dommages et ont exposé les salariés à des risques graves", a déclaré dans sa plaidoirie Me Alain Lévy, qui défend les intérêts du personnel d'un site d'EDF proche d'AZF, où un électricien a été tué.
"Ce n'est ni l'émotion, ni la douleur qui doivent dicter votre jugement, mais le droit", a-t-il dit en préambule, à l'adresse du tribunal.
Selon Me Lévy, le directeur, Serge Biechlin est coupable de "fautes délibérées et caractérisées", "des fautes personnelles, violant l'obligation de prudence et de sécurité".
"Il avait la connaissance du risque (d'explosion entre chlore et nitrates) mais le risque n'était pour lui ni envisagé, ni envisageable (...) Dans cette usine, tout était axé sur le risque d'incendie, rien sur le stockage des nitrates dans le hangar 221" qui a explosé, selon l'avocat.
C'est le déversement accidentel dans le hangar 221 de l'usine de déchets comportant du DCCNa (chlore pour piscine) sur un tas de nitrate d'ammonium (engrais ou explosif industriel) -deux produits notoirement incompatibles- qui a provoqué l'explosion, d'après les experts judiciaires. Une thèse contestée par la défense.
Parmi les fautes, Me Levy énumère: "non-respect de l'évaluation d'accidents majeurs, élaboration incomplète d'un système de gestion de la sécurité, non-respect des obligations de formation" et manque de surveillance de la sous-traitance, qui était notamment chargée de la gestion des déchets.
"Il y a une relation de cause à effet entre les fautes de M. Biechlin et la catastrophe. M. Biechlin a causé indirectement le décès de 31 personnes (...) Il est totalement responsable de cette catastrophe", a-t-il conclu.
Quant à la personne morale Grande Paroisse, "comptable de toutes les fautes commises par M. Biechlin", l'avocat s'indigne: "Pour une telle catastrophe, Grande Paroisse encourt une peine d'amende d'un montant de 225.000 euros. Comment dissuader avec des peines d'un tel montant ?"
Les principaux avocats de la partie civile ont plaidé mardi et mercredi de manière complémentaire et concertée.
Avant Me Levy, Me Sylvie Topaloff, qui représente la CGT et 57 victimes, se consacre aux explications de l'explosion.
"La série de 24 tests (des experts judiciaires), a-t-elle souligné, nous démontre que du nitrate d'ammonium, ayant absorbé un peu d'eau, mis en contact avec du DCCNa (chlore pour piscine) et recouvert par du nitrate d'ammonium sec, produit un explosif puissant".
"La défense, critique-t-elle, n'a pas cherché la vérité", mais a voulu invalider les expertises judiciaires.
Me Topaloff relève enfin qu'"aucune entreprise en Europe n'a pris le risque comme AZF de produire du chlore et du nitrate d'ammonium sur le même site" et lance: "Un opérateur a pris un sens interdit".
Cités directement comme prévenus par des parties civiles, Total et son ex-PDG Thierry Desmarest ont comparu la semaine dernière. Le tribunal correctionnel doit se prononcer sur leur responsabilité pénale à la fin du procès.
Les plaidoiries de la partie civile se poursuivent jusqu'au 23 juin. Le équisitoire aura lieu le mercredi 24 juin et la défense plaidera du 25 au 29 juin.
mercredi 17 juin 2009
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